Fortement ralenti durant le confinement provoqué par la crise du coronavirus, le marché de l’immobilier a connu un redémarrage tambour battant avant l’été. Mais à l’approche de la rentrée, les inquiétudes qui pèsent sur l’économie en France pourraient-elles infléchir la tendance ? Plusieurs indicateurs seront à scruter dans les prochaines semaines, en particulier les conditions de prêts immobiliers fixées par les banques ou encore la redoutée cure d’austérité que pourraient appliquer de nombreuses entreprises en France.
Après le confinement, transactions et prix à la hausse
Pendant toute la durée de l’état d’urgence, le marché immobilier s’est fortement ralenti. En pleine crise sanitaire liée au coronavirus, les transactions restaient possibles mais les visites de logements étaient limitées par le confinement. Conséquence : en Ile-de-France par exemple, la chambre des notaires a noté une chute de l’activité de 39 % au cours de cette période. Les experts attendaient donc avec impatience la levée du confinement pour voir quels seraient les premiers impacts de la crise. Bonne surprise ! Non seulement les volumes étaient au rendez-vous, mais les prix ont aussi poursuivi leur progression, avec une activité au beau fixe.
Transactions : un effet de rattrapage… mais pas seulement
Dès la levée des mesures sanitaires les plus restrictives, le marché a ainsi repris ses droits. La plupart des processus engagés avant le confinement ont redémarré et de nouveaux projets immobiliers ont vu le jour. D’abord, avec des ménages qui souhaitaient quitter un appartement en ville pour changer de vie et acheter une maison à la campagne. Ensuite, effet plus traditionnel à l’approche de l’été, les déménagements liés aux changements professionnels : les ménages se sont mis en quête d’un nouveau logement, pour un achat ou une location, proche des établissements scolaires de leurs enfants et à une distance raisonnable de leurs entreprises. Enfin, les étudiants ont cherché eux-aussi un studio dans leur ville pour la rentrée. Résultat : une reprise soutenue de l’activité, estimée à + 35 % en juin 2020 par rapport à l’année précédente, selon les estimations du courtier MeilleursAgents.
Les logements situés à proximité d’une école sont très recherchés. Il s’agit d’un élément à prendre en compte dans votre stratégie d’investissement immobilier : à la location comme à la revente, un 3 pièces à moins de 5 minutes d’établissements scolaires devrait facilement trouver preneur auprès de familles avec enfants.
Prix : la hausse se poursuit
C’est l’autre surprise de l’après crise sanitaire. Alors que la plupart des entreprises du secteur anticipaient une baisse des prix à l’achat, les tarifs ont continué leur progression sur le marché immobilier français. D’après le baromètre SeLoger, ils se sont même envolés de 5,1 % au mois de mai. Tous les secteurs sont concernés : le neuf comme l’ancien, la ville comme la campagne, avec une hausse toutefois plus marquée pour la maison individuelle. Le signe aussi que la pierre apparaît, plus que jamais, comme une valeur refuge aux yeux des Français.
Notez que depuis 2019, l’ouest s’impose comme le grand vainqueur en France de la progression des prix immobiliers. À l’achat, Nantes enregistre en juin une hausse de + 11,4 % en un an d’après le baromètre SeLoger / LPI, pour un prix au m2 qui frôle les 4 000 euros. Autre signe de dynamisme immobilier côté ouest : Rennes signe une augmentation de 8,7 % sur un an.
Malgré le confinement, avec une hausse constatée de 5 % en un an, un placement dans l’immobilier vous rapporte plus qu’une assurance vie investie en fonds euros. Et ce, en tenant compte uniquement de la valeur du bien, sans intégrer ce qu’il peut vous rapporter à la location !
Pour la rentrée, le poids des incertitudes
Ces éléments positifs masqueraient-ils une reprise post Covid-19 en trompe l’œil ? C’est la crainte de plusieurs analystes qui s’inquiètent pour la rentrée immobilière en cas de dégradation de la situation économique et sanitaire.
Cure d’austérité dans les entreprises ?
Plusieurs dispositifs d’aides aux entreprises déployés par le gouvernement au plus fort de la crise sanitaire prendront fin au mois de septembre, comme le chômage partiel, notamment dans le secteur touristique. Si des aménagements restent possibles, une forte poussée du chômage est anticipée par différents experts et organismes : la Banque de France table sur 1 million de chômeurs supplémentaires dans le pays d’ici l’année prochaine. Ce marché du travail bouleversé pourrait avoir des conséquences sur toute l’économie et notamment sur le marché immobilier, dont le dynamisme pourrait être interrompu. Même si le port du masque se généralise dans l’espace public et devient obligatoire mais dans les entreprises à la demande du ministère du Travail, la crainte d’un nouveau confinement reste présente et pourrait freiner les investissements. Le retour de la confiance sera indispensable pour une reprise pérenne et sereine de l’activité.
Des banques plus frileuses ?
Depuis le début de l’année en France, le Haut conseil de stabilité financière impose déjà aux établissements bancaires le respect de règles strictes avant d’accorder un prêt immobilier aux particuliers : leur taux d’endettement ne doit pas dépasser 33 %.
Et dans cette situation économique et sanitaire incertaine, les banques pourraient durcir encore leurs conditions d’accès au crédit et se montrer plus exigeantes dans les garanties à apporter par les emprunteurs. Même si les taux restent historiquement faibles, les refus pourraient donc augmenter, avec des impacts directs sur les transactions.
Plus que jamais, la situation des emprunteurs sera scrutée par les établissements bancaires. Affinez bien votre projet pour présenter un dossier solide et demander un financement de votre investissement qui correspond à votre situation financière.
Un mois déterminant ?
Septembre pourrait bien donner la tendance en France pour le reste de l’année, voire au-delà. Sur le marché de l’immobilier, la prudence restera de mise quelques mois encore, tant que la menace d’une nouvelle crise sanitaire plane et que le coronavirus continue à circuler. La généralisation du port du masque et les autres mesures sanitaires visent à empêcher un nouveau confinement qui affecterait à nouveau l’économie et le marché de l’immobilier. Mais les experts se veulent rassurants face à la solidité de l’investissement dans la pierre et une offre de logements qui reste trop faible face à la demande en France.
Une grand-messe de l’immobilier délocalisée à Paris
Traditionnel rendez-vous des experts de l’immobilier, le Mipim (Marché international des professionnels de l’immobilier) se tiendra finalement en 2020 à Paris, après l’annulation de l’événement initialement prévu en mars à Cannes en raison de la crise du coronavirus. Chaque année, ce salon donne l’occasion de rencontrer des acteurs de différentes entreprises pour échanger sur de nombreux projets immobiliers. Cette édition du Mipim sera adossée à la « Paris Real Estate Week » et reviendra largement sur les innovations attendues dans le domaine de l’immobilier. La preuve du dynamisme et de la capacité d’adaptation de ce secteur d’activité !