Risques et opportunités de l’investissement forestier
Sommaire
Ces dernières années, l’investissement socialement responsable (ISR) s’est imposé comme une tendance majeure. Parmi ses différentes formes : l’investissement forestier. Cette solution offre des opportunités intéressantes aux particuliers en quête d’un sens social et durable pour leurs placements… tout en visant des rendements attractifs ! Voici un tour d’horizon sur les atouts et les inconvénients de ce type d’investissement avec Ooinvestir.
Qu’appelle-t-on « investissement forestier » ?
Réaliser un investissement forestier consiste à acheter une parcelle de bois ou de forêt, de manière directe ou indirecte via un groupement forestier.
L’acquisition directe d’une parcelle de forêt
Il s’agit ici d’acheter un domaine forestier privé. En raison du caractère souvent confidentiel de ce marché, il est rare d’avoir l’opportunité d’acheter directement une forêt privée. Des intermédiaires spécialisés facilitent donc ces transactions en mettant en relation vendeurs et acheteurs.
La France compte de nombreuses grandes régions forestières pour acquérir des bois.
Acquérir des forêts à exploiter implique cependant des responsabilités :
- s’occuper des travaux de boisement du domaine ;
- aménager et entretenir le terrain ;
- etc.
Ces obligations sont fixées par la loi aux propriétaires de domaines forestiers, comme le plan simple de gestion de la forêt. Il doit s’étendre sur une durée de 10 à 30 ans. S’y conformer suppose généralement de mandater un spécialiste ou une coopérative pour s’en charger à votre place.
En France, pour profiter d’un régime d’exonération d’impôt et d’un placement rentable, 1 hectare ne suffit généralement pas. Il faut acheter une surface conséquente d’au moins 3 hectares et engager un capital minimum de 300 000 €.
Un investissement forestier direct implique donc de nombreuses contraintes, et convient mieux à certains types d’investisseurs qu’à d’autres.
L’achat de parts d’un groupement forestier
À défaut d’acquisition directe, vous pouvez investir dans un groupement forestier. Il en existe 2 formes :
- le groupement foncier forestier (GFF) ;
- le groupement forestier d’investissement (GFI).
Selon le bulletin officiel de l’administration fiscale, la formation de groupements forestiers entre les propriétaires de bois peut s’étendre sur une période maximale de 99 ans.
Le groupement foncier forestier (GFF)
Pour prévenir le morcellement des forêts privées lors des successions, la loi a instauré le groupement foncier forestier. Chaque investisseur acquiert des parts auprès de ce groupement, qui devient ainsi le propriétaire exclusif de la forêt.
Le prix des parts varie de 10 000 à 300 000 € l’unité. La gestion forestière est alors confiée à un gérant désigné par l’assemblée générale du groupement.
La société prend en charge l’administration des terrains et redistribue aux associés les revenus générés par les travaux d’exploitation. Ce type d’investissement est un mode de diversification de patrimoine et permet aux investisseurs de mieux répartir les risques, sans s’encombrer des contraintes de gestion.
Le groupement forestier d’investissement (GFI)
Il fonctionne comme les sociétés civiles de placement immobilier (SCPI). Pour opérer de façon légale en France, un GFI doit obtenir un agrément auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF), contrairement aux GFF.
Investir dans un groupement forestier d’investissement constitue une option d’investissement plus accessible que le GFF : le ticket d’entrée est moins élevé.
Par ailleurs, la responsabilité des associés et les risques sont limités à leurs apports. Et contrairement au GFF qui se concentre généralement sur une zone géographique, la loi oblige le GFI à une diversification en termes de zones géographiques et d’essences des bois.
Les sociétés d’épargne forestière
Également conçues sur le modèle des sociétés civiles de placement immobilier, les sociétés d’épargne forestière sont constituées à 60 % au moins d’actifs forestiers (parts de groupements forestiers) et au maximum de 40 % d’actifs financiers classiques (les obligations, par exemple).
Ces sociétés d’épargne forestière doivent aussi recevoir l’agrément de l’Autorité des marchés financiers (AMF).
Chaque investisseur peut acheter des parts et bénéficier d’une fiscalité avantageuse.
L’essor de l’investissement durable
Ce mode d’investissement rencontre un grand succès depuis plusieurs années.
Les nouveaux objectifs de l’investisseur
Les investisseurs accordent une attention croissante aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs décisions d’investissement. Ils cherchent à soutenir des entreprises qui démontrent des pratiques durables et responsables.
Parmi les éléments scrutés : la transparence de la part des entreprises en matière de durabilité. Les particuliers veulent avoir accès à des informations claires sur les performances ESG des sociétés dans lesquelles ils investissent.
Les chiffres clés
Les actifs gérés dans le secteur de l’investissement durable ont connu une croissance significative. Certains secteurs, tels que les énergies renouvelables et le bois, ont attiré une part importante des investissements durables.
Sur le terrain, le prix moyen de l’hectare s’élevait à 4 500 € en 2022. Cependant, ce prix varie toujours en fonction de :
- la fertilité du sol ;
- les facilités d’exploitation ;
- les essences ;
- les régions ;
- la taille des forêts ;
- l’âge moyen des arbres ;
- la présence d’industries à proximité ;
- etc.
Pour un investissement direct, il faut prévoir environ 300 000 euros. Pour l’achat d’une part d’un groupement forestier, l’investissement peut se faire à partir de 10 000 ou 20 000 euros. Pour un investissement en forêts via une société d’épargne forestière, le budget variera entre 9 500 et 19 000 euros pour obtenir les avantages fiscaux maximum.
Comment les préoccupations environnementales remodèlent le secteur de l’investissement ?
Les préoccupations environnementales ont profondément bouleversé le secteur de l’investissement. Elles influencent les décisions et créent de nouvelles opportunités telles que les investissements dans :
- les énergies renouvelables ;
- la technologie propre ;
- l’efficacité énergétique ;
- l’agriculture durable ;
- les obligations vertes ;
- l’investissement forestier ;
- etc.
L’investissement forestier offre une solution prometteuse aux épargnants soucieux de l’impact environnemental de leurs portefeuilles financiers.
La rentabilité de l’investissement forestier
Comme pour tout investissement, la rentabilité d’une forêt dépend de différents facteurs, notamment :
- le prix du bois, qui varie chaque année ;
- les dépenses effectuées ;
- les frais de gestion : le rendement sera plus faible si vous confiez l’administration de votre forêt à une société spécialisée ;
- etc.
Le taux de rendement d’un investissement oscille autour de 1,5 % l’année en moyenne.
En revanche, les chiffres d’un placement en parts de groupement forestier s’avèrent plus élevés. Si les valeurs varient selon les groupements forestiers et leur gestion, il faut en moyenne compter entre 2 et 5 % de rendement brut.
D’autres facteurs influencent ce taux, notamment :
- les conditions du marché du bois, y compris l’offre et la demande ;
- l’état de la réglementation ;
- le nombre de parts acquises ;
- etc.
L’investissement forestier direct ou en groupement est généralement considéré comme un placement à long terme. En effet, la période typique d’un cycle de rotation des arbres (temps nécessaire pour qu’un arbre atteigne la maturité et soit prêt pour la récolte) peut atteindre plusieurs décennies.
Investissement forestier : quelle fiscalité, quels avantages ?
L’investissement forestier présente plusieurs atouts.
Les avantages sur l’impôt sur le revenu
L’achat d’un bois ou d’une forêt permet de bénéficier d’une réduction d’impôt équivalente à 18 % du prix de l’acquisition. Cette réduction s’applique dans la limite de 5 700 € (11 400 € pour un couple).
Il faut toutefois s’engager à :
- conserver la forêt ou les bois acquis pendant une durée minimale de 8 ans ;
- se conformer au plan de gestion agréé par le centre régional de la propriété forestière.
Depuis le 1er janvier 2023, la réduction d'impôt peut prendre la forme d’un crédit d'impôt de 25 %, avec un plafond de dépenses qui passe à 6 250 € (12 500 € pour un couple). Si les crédits d'impôt reçus sont plus élevés que le montant de ses impôts, l’administration fiscale remboursera la différence à l’investisseur.
Les avantages sur l’IFI
L’investissement forestier permet au propriétaire (via un GFF, un GFI, une SEF ou en achat direct) d’obtenir un abattement fiscal de 75 % de la valeur des forêts au titre de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI).
Les avantages en cas de travaux forestiers
L’investisseur qui effectue des travaux forestiers sur une propriété d'au moins 10 hectares peut prétendre à des crédits d'impôt de 18 % du montant des travaux, dans la limite de 6 250 € (12 500 € pour un couple).
L’investissement forestier : un outil de défiscalisation et de transmission de patrimoine
Les investissements forestiers peuvent se transformer en un outil de défiscalisation et de transmission de biens.
Par application du dispositif Monichon, dans le cadre d’une succession ou d’une donation, un taux d’abattement de 75 % est appliqué. Cet abattement est calculé sur la valeur taxable des forêts ou des parts de groupement forestier d’investissement.
Si le propriétaire a souscrit au capital d’un GFI dès sa création (ou après 2 ans dans le cadre d’un rachat de parts existantes), l’exonération est immédiate.
Investissement forestier : quelles limites ?
Investir dans des forêts offre des avantages fiscaux significatifs mais en contrepartie, il faut accepter des revenus parfois modestes. Si les incitations fiscales sont attrayantes, les revenus financiers peuvent être plus limités qu’avec d'autres types d'investissements.
Quel avenir pour l’investissement forestier ?
La demande croissante pour le bois dans la construction, l’industrie du meuble et les biocarburants devrait contribuer à maintenir la rentabilité de l’investissement forestier.
Et les investisseurs étant de plus en plus sensibles à la gestion durable des forêts, cela pourrait influencer positivement la valeur des investissements forestiers à long terme.
Les risques de l’investissement forestier
Le principal risque associé à l’investissement forestier est naturel. Il s’agit par exemple des incendies et des tempêtes qui peuvent détruire une bonne partie des investissements.
L’investissement n’est donc pas totalement garanti, même si l’investisseur souscrit à une assurance.
La liquidité est également faible. S’il existe une réelle demande structurelle dans le secteur, le marché des parts de groupements forestiers est assez confidentiel et la revente peut demander du temps.
Par ailleurs, le rendement de l’investissement n’est pas particulièrement élevé au cours des premières années. Il faut souvent attendre une période d’environ 10 à 20 ans pour récolter de meilleurs bénéfices.
S’ajoute le risque de mauvaise gestion : le choix du gestionnaire est déterminant dans la réussite de votre projet. Pour maximiser votre revenu, analysez
minutieusement tous les paramètres du placement avant de vous lancer.
Comment pallier les risques de l’investissement forestier ?
Bien que potentiellement rentable, les investissements forestiers comportent des aléas. Pour les atténuer, il est crucial de mettre en place des stratégies appropriées :
- diversifier son portefeuille : investir dans différentes espèces d’arbres et dans différents groupements forestiers pour atténuer les aléas associés à un investissement unique et optimiser le revenu global ;
- bien comparer les offres disponibles avant de rejoindre un groupement forestier : il faut effectuer une analyse approfondie de sa réputation, de sa performance passée et de ses pratiques de management. Il faut aussi s’assurer que le groupement dispose d’une une solide expérience dans la gestion des forêts et de mécanismes de protection, tels que des assurances ;
- faire appel à des experts pour se décider.
- Avec l’essor de l’investissement durable, l’heure est à la recherche d’investissements compatibles : c’est le cas de l’investissement forestier.
- Il existe principalement 2 manières de réaliser un investissement forestier : acheter une parcelle de bois ou de forêt de manière directe ou acquérir des parts d’un groupement forestier.
- L’investissement forestier permet de bénéficier de nombreux avantages fiscaux, notamment d’une défiscalisation à hauteur de 6 250 € par personne.
- L’investissement forestier n’est pas toujours garanti. L’assurance ne peut pas tout couvrir. Non seulement il présente un rendement peu élevé et comporte des aléas. Il faut aussi compter généralement plus d’une décennie avant de rentabiliser au mieux.